Faro © Bert K

Faro © Bert K

L’Algarve, qui occupe tout le sud du Portugal, est sans doute la région la mieux connue des Français, et même la seule que nos compatriotes souhaitaient visiter dans les années 1980, avant que le pays ne se décide à s’ouvrir tout entier au tourisme. Spot réputé pour les golfeurs européens, la belle province s’est rapidement dotée d’un aéroport international et de greens de qualité, attirant ainsi une clientèle à haute contribution. La chose s’est faite d’autant plus facilement que l’Algarve dispose de tous les atouts inhérents à une région touristique d’importance. Un climat méditerranéen délivrant un soleil presque toujours constant, une végétation parfumée, de belles serras contrastant avec une côte sublime, déchirée par l’océan, où alternent jolies petites plages et criques paisibles, ont vite attiré les promoteurs immobiliers et les architectes, qui ont créé des stations balnéaires, des marinas, des golfs, des hôtels et toutes les infrastructures nécessaires au développement touristique.

Le goût de l’aventure

Si l’esthétique n’est, hélas, pas toujours au rendez-vous, l’histoire reste, elle, encore très vivace et ne semble pas s’estomper sur un triptyque mer-soleil-farniente trop réducteur. Elle est à l’origine de l’atmosphère qui plane en Algarve, où l’on perçoit toujours, et ce dans bon nombre de domaines, un petit relent de civilisation phénicienne, romaine et mauresque, doublé, chez les natifs de la région, d’une puissante attirance pour l’aventure maritime et les conquêtes de nouvelles terres. C’est en effet ici, sur la pointe de Sagres, que l’infant Henriques créa, au XVe siècle, une célèbre école de navigation, marquant pour des siècles l’âme portugaise. Les vestiges médiévaux des principaux sites de la région – Faro, Albufeira, Monchique – sont encore debout pour témoigner de l’importance de l’Algarve au regard de l’histoire du pays.

Faro, capitale de province

La capitale de l’Algarve depuis 1756 a, presque de tout temps, connu une certaine aisance et réussi à rayonner sur toute la région, et même au-delà de l’océan. La ville la plus méridionale du Portugal compte 40 000 habitants, un aéroport international et une université. Autant d’éléments qui en font une cité prospère, alors même qu’elle fut détruite plusieurs fois au XVIIIe siècle par de violents tremblements de terre. Ses charmes suffisent à camoufler les « erreurs » d’un développement urbain trop rapide, dont la côte a été relativement épargnée, et le cœur de la vieille ville – vila adentro -, piétonnier, offre de belles occasions de profiter, en terrasse, de la douceur du climat.

Vieille ville

Protégée par des remparts médiévaux, la cité intra-muros est accessible par l’une des trois portes qui subsistent encore. L’une d’entre elles, l’Arco da Vila, est devenue l’escale de prédilection des cigognes !
Une fois passé les murs d’enceinte, la rua do Município permet d’atteindre la place de la cathédrale, plantée d’orangers, où la plupart des bâtiments d’importance se côtoient. La cathédrale, reconstruite au XVIIIe siècle, le palais épiscopal, le séminaire épiscopal, le musée archéologique Infante Dom Henriques et son cloître, à quelques mètres, l’église São Francisco, joliment décorée de panneaux d’azulejos, et le Museu Regional, situé praça da Liberdade, constituent quelques interludes culturels qui déculpabilisent de passer sa journée à la plage…
La Doca, port de plaisance de Faro, isolé de la lagune, ouvre sur la praça Francisco Gomes, l’une des plus animées de la ville. Ici, on s’attarde dans les cafés, on profite du temps qui passe, on observe les passants et les troubadours qui y donnent souvent spectacle et l’on choisit dans quel restaurant on pourra déguster fruits de mer et poissons frais, grillés ou en ragoût, la spécialité du coin. Le nouveau théâtre municipal propose une programmation nationale et internationale de qualité (tél. : + 351 289 888 100).

De l’influence mauresque

Baptisée El-Gharb – « l’Occident » – par les Maures, qui l’occupèrent durant cinq siècles, l’Algarve fut particulièrement influencée par cette civilisation, tout comme l’Andalousie. L’architecture en atteste le plus visiblement possible. Certaines églises arborent structures cubiques et coupoles. Les toits des maisons aménagés en terrasses évoquent les villages d’Afrique du Nord. On y fait sécher les fruits du soleil (figues, amandes, caroubes) et l’on y prend le frais dès la nuit tombée. Les façades en torchis – la taipa, que les musulmans utilisaient dès le XIIe siècle – sont toujours blanchies à la chaux, et de nombreuses cheminées adoptent une forme de minaret particulièrement significative !

Suivez le guide !

Pour atteindre les plages de Praia de Faro, envahies par les voitures, empruntez le bateau qui effectue la navette de manière ininterrompue entre celles-ci et le débarcadère situé en centre-ville, au port.

Où se baigner ?
Outre les plages de Praia de Faro, celles des îles d’Armona et de Culatra font partie de la Ria Formosa et de ses 17 000 hectares estampillés parc naturel (renseignements pour les visites guidées à la Quinta de Marim, ouverte de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h). On accède aux îles (à environ 15 km au sud-est de Faro) par bateau, depuis le petit port de pêche d’Olhão(service régulier de navette en haute saison de 8 h à 20 h). Les paysages y sont véritablement magnifiques, distillant, dans une douceur extrême, plages immenses au sable blond, dunes, marécages et marais salants. Réserve ornithologique d’une grande richesse, où s’épanouissent des colonies de hérons et d’aigrettes, la ria est encore habitée par des pêcheurs qui, le thon ayant disparu depuis longtemps de ces eaux sablonneuses, pêchent le poulpe et ramassent les coquillages. La Ria Formosa abrite, dit-on, des familles de caméléons. C’est le seul site d’Europe où ces sauriens vivent encore, mais il est particulièrement difficile et rare d’en apercevoir.

De Faro à Sagres

L’ouest du littoral est une immense succession de criques, de grottes, de falaises déchiquetées et de roches dorées surgissant d’un océan limpide. Les côtes, en revanche, n’ont pas été épargnées par les urbanistes. Les immeubles d’hôtels ou d’appartements apparaissent souvent au détour de la route côtière, interrompant un paysage somptueux. L’aménagement du territoire, devenu une priorité des années 1990, a stoppé cet urbanisme sauvage, imposant davantage la protection de l’environnement comme priorité.

Loulé
A 18 km au nord de Faro.
Les remparts et le vieux château de ce petit bourg à l’intérieur des terres attirent les visiteurs, qui pourront en profiter pour flâner dans les allées du marché couvert. La cité centralise en effet la production agricole des alentours.

Albufeira
A 35 km au nord-ouest de Faro.
Son nom, d’origine maure, signifie « château du bord de mer ». Souvent comparée à Saint-Tropez, elle évoquerait plutôt une Ibiza lusitano-mauresque. Bâti sur une colline, l’ancien village de pêcheurs a su conserver ses ruelles pavées et ses maisonnettes imbriquées les unes aux autres dans une véritable débauche de blanc de chaux ! La plage d’Albufeira même est accessible par un tunnel creusé dans la roche, situé non loin du port de pêche toujours actif.
La station balnéaire s’est développée aux alentours : cafés, bars, restaurants, restaurants, discothèques, adoptent un style des plus jeunes et des plus branchés. De part et d’autre de la station, des plages et des criques sublimes, plus ou moins grandes et plus ou moins à la mode, présentent des styles différents pouvant convenir à tous : São Rafael, Coelha, Castelo, Galé, à l’ouest, et Oura, Balaia, Maria Luisa, Olhos de Agua, Praia da Falésia, vers l’est. Les amateurs de loisirs sophistiqués, de sports nautiques en tout genre et de contact humain trouveront de quoi s’amuser dans la station de Vilamoura(à 15 km à l’est d’Albufeira) : golf, casinos, jeux aquatiques, marina…

Lagos
A 17 km à l’ouest de Portimão ;80 km à l’ouest de Faro.
Carthaginois, romain, puis maure, Lagos est un port de pêche qu’abrite une baie dominée par un massif rocheux. Ses belles plages en ont fait l’une des stations phares de la côte, mais son histoire, fortement liée à celle des Grandes Découvertes, semble vivre encore dans le cœur des autochtones. Les estivants viennent uniquement pour ses attraits touristiques et balnéaires, mais la ville fut, dès le XVe siècle, l’une des places fortes des conquêtes maritimes orchestrées via l’école de Sagres et son maître, Henri le Navigateur. Plusieurs expéditions à destination de l’Afrique furent lancées depuis son port, dont celle menée par Gil Eanes, qui doubla pour la première fois le cap Bojador, proche d’Agadir, au Maroc, en 1434.
Détruits en 1755 par le raz de marée qui suivit le terrible tremblement de terre, les remparts qui cernent la vieille ville confèrent un certain charme au site, où quelques jolis jardins plantés d’amandiers et de figuiers apportent fraîcheur et parfums sucrés.
Hors les murs clos de la ville, restaurants et bars occupent presque tout l’espace. Près du port, sur la praça Infante do Sagres, se tint le premier marché d’esclaves du Portugal, sous les arcades de la maison de la douane.

Marché d’esclaves
Plaque tournante du trafic officiel des esclaves, Lagos développa son marché dès le XVe siècle. Provenant des nouvelles terres explorées par les navigateurs, Maures et Africains transitèrent par milliers, semble-t-il, par le marché aux esclaves de la ville, avant d’être convoyés vers la capitale du royaume, puis vers les autres villes importantes du pays. Au milieu du XVIe siècle, ils auraient même représenté près d’un dixième de la population de Lisbonne, soit 10 000 individus. Cela laisse supposer aux historiens que les classes défavorisées de la société disposaient elles aussi d’esclaves pour accomplir les tâches ménagères et les travaux des champs les plus pénibles. De nombreuses illustrations – gravures, peintures, sculptures… – datant des XVe et XVIe siècles montrent des scènes de la vie quotidienne où des personnages s’entourent de « Sarrasins » qui les assistent.

De Lagos à Sagres
La côte jusqu’à Sagres (à environ 70 km à l’ouest de Lagos) est époustouflante de beauté sauvage. En s’éloignant vers l’ouest, le promontoire de Ponta da Piedade(à 3 km au sud de Lagos) offre un panorama impressionnant sur les falaises de grès dorées ou ocre, que l’érosion provoquée par le sel et la force des vagues a façonnées presque artistiquement. En poursuivant vers l’extrémité de la péninsule, plusieurs plages, dont celle de Luz(à 10 km à l’ouest de Lagos), sont réputées pour la douceur de leur sable blond.Suivez le guide !Observez le travail des éléments dans la roche, les cavernes et les grottes depuis les ponts des bateaux qui proposent des minicroisières en saison. Le départ s’effectue des débarcadères de Lagos, juste en face de la praça Infante do Sagres.

Promontoire de Sagres
A 36 km au sud-ouest de Lagos.
C’est le dernier point de repère des marins qui s’apprêtent à affronter la haute mer. Sauvage, offert aux vents et à l’immensité de l’océan, ce site fut la retraite savante de l’infant Henriques, dit le Navigateur. S’il ne participa qu’à une seule expédition, qui le conduisit à la prise de Ceuta, au Maroc, le prince se passionna pour l’aventure maritime. Précurseur des grandes expéditions qui emmenèrent, un siècle plus tard, les célèbres capitaines de vaisseaux des Indes au Brésil, Henri préféra s’attacher à moderniser la navigation.
C’est dans sa forteresse, bâtie face à l’océan, qu’il aurait réuni les grands savants de son époque. Géographes, marins, mathématiciens, astrologues, astronomes, cartographes, œuvrèrent à l’amélioration des techniques de navigation et à l’usage de nouveaux instruments de repérage, tel l’astrolabe. En poursuivant vers le « bout de la terre », on s’achemine vers le Cabo de São Vicente, situé à moins de 10 km de la forteresse. L’à-pic de 80 m qui plonge dans l’océan est stupéfiant ! Au crépuscule, les couleurs du soleil couchant sur l’horizon réconcilient avec la vie… C’est ici que le navire transportant la dépouille du saint martyrisé s’échoua, au IVe siècle.

La Serra de Monchique

A 42 km au nord-est de Lagos.
Elle tranche nettement avec les paysages côtiers de l’Algarve, distillant les parfums enivrants d’une flore particulièrement riche et luxuriante, de type méditerranéen et, en certains endroits, subtropical ! Pins, eucalyptus, arbousiers dont on tire une eau-de-vie baptisée Medronho, chênes-lièges, bananiers, mimosas et rhododendrons… C’est l’endroit idéal pour s’adonner à une agréable randonnée (niveau facile). Le sol granitique abrite des sources thermales chaudes aux vertus thérapeutiques avérées.

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