Graciosa
A 70 km au nord-ouest de Terceira.
Son nom dit assez son charme et sa douceur. Cette petite île de 12 km sur 9 avait déjà séduit Chateaubriand en route pour l’Amérique.
Les amateurs de vie calme, de pêche sous-marine à l’ancienne et même de spéléologie en apprécient les courbes verdoyantes plantées de vigne et de maïs, les villages fleuris, les moulins à vent de style hollandais, les fonds merveilleusement purs et poissonneux, ainsi que les grottes profondes, dont la fameuse « caverne du soufre ».
Santa Cruz da Graciosa
Ce discret petit bourg de 2 000 habitants (sur 5 200 qu’en compte toute l’île) entretient précieusement son décor d’autrefois, son quai bordé de maisons blanchies à la chaux, ses demeures de notables rehaussées de pierre de lave, ses pièces d’eau où se reflètent de majestueux araucarias, son église au splendide retable du XVe siècle illustrant le mystère de la Croix, enfin son Museu Etnografico (Musée ethnographique, Rua das Flores, 2. Ouvert du mardi au vendredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30. Entrée payante) où toutes sortes d’objets évoquent les activités traditionnelles de l’île, dont la chasse au cachalot.
Furna do Enxofre
A 12 km au sud-ouest de Santa Cruz. Ouvert tlj l’été. Il est préférable de s’y rendre entre 11 h et 14 h, quand le soleil éclaire les parois. Entrée payante.
De toutes les grottes de l’île, la « caverne du soufre » est de loin la plus impressionnante. On la découvre au bout d’un tunnel creusé à travers un ancien volcan jusqu’au cœur de son énorme cratère.
Un escalier en colimaçon de 184 marches mène à une grotte de 220 m sur 120, au fond de laquelle glougloute un lac noir, aux vapeurs sulfureuses, de 15 m de profondeur. Un spectacle unique, que jusqu’en 1939 on ne pouvait contempler qu’en descendant par une échelle de corde.
São Jorge
A 180 km de São Miguel.
Cette mince arête volcanique, longue de 56 km et large de 8, émerge entre les deux îles de Graciosa et de Pico, tel un gigantesque poisson-épée couvert d’une végétation exubérante.
Depuis les deux routes bordées d’hortensias géants qui la longent de bout en bout, la vue s’étend loin sur tout l’archipel central.
Au premier plan, elles dominent les fameuses fajâs, ces plates-formes de basalte, vestiges de falaises effondrées au bord de l’océan, sur lesquelles les paysans cultivent toutes sortes de légumes, et même du thé et du café.
Paradis du randonneur, de multiples sentiers sillonnent le massif montagneux entre des bouquets de résineux, châtaigniers, eucalyptus, bruyères et fougères arborescentes. Grimpent sur des pics dépassant les 1 000 m d’altitude.
Descendent, sur la côte nord, la plus escarpée, au fond de ravins où miroitent des lagunes aux eaux cristallines. La nature est ici d’une folle prodigalité.
Le fromage des volcans
C’est un noble flamand au service de la couronne du Portugal, Guillaume Van der Haegen, qui commence à coloniser São Jorge, en 1470. Très vite, la vigne et le blé, et surtout le pastel et l’orseille, deux plantes très utilisées par les teinturiers hollandais, apportent aux habitants une certaine prospérité. Bientôt, les pirates et les corsaires prétendent à leur part du gâteau.
En 1708, Duguay-Trouin débarque 700 hommes qui s’empressent de piller l’île. Pendant les deux siècles suivants, séismes et éruptions ravagent villes et campagnes. A chaque fois, cependant, la vie reprend, et une nouvelle richesse apparaît.
L’île exporte aujourd’hui sur tous les continents le fameuxqueijo de São Jorge, gros fromage rond confectionné avec le lait de ses vaches hollandaises, qui paissent été comme hiver entre les haies d’hortensias.
Velas
Nichée sur une fajâ de la côte sud, face à l’île de Pico dont on peut apercevoir le volcan par beau temps, la seule véritable ville de São Jorge possède quelques beaux bâtiments anciens.
Entre autres, l’église São Jorge, érigée en 1460 selon le vœu posthume d’Henri le Navigateur, qui abrite, dans l’une de ses chapelles, un intéressant retable du XVIe siècle en bois sculpté ; l’hôtel de ville, de style baroque, au portail encadré de luxuriantes colonnes torses ; les Portas do Mar, du XVIIIe siècle, vestiges des anciennes murailles de la ville ; l’église Nossa Senhora da Conceição, très spectaculaire avec sa galerie et ses corniches en pierre de lave noire et sa nef où trônent de splendides sculptures en bois doré.
Urzelina
A 4 km au sud de Velas.
En longeant la côte sud depuis Velas, on arrive bientôt dans ce petit village totalement reconstruit après la terrible éruption volcanique de 1808. Seul le clocher émerge de la lave qui a enseveli l’église.
Manadas
A 6 km au sud de Velas.
Egalement sur la côte, ce hameau très pittoresque est justement fier de son église toute blanche, Santa Barbara, face à la mer. Décorée au XVIIIe siècle par un artiste italien, elle possède un somptueux plafond en cèdre sculpté de scènes naïves représentant saint Georges, le dragon et le Saint-Esprit, ainsi que de magnifiques « azulejos » racontant la vie de sainte Barbara.
Calheta
A 11 km au sud de Velas.
Sur la même côte sud, ce village de pêcheurs de 800 habitants adosse ses maisons blanches à une falaise tapissée d’une épaisse végétation. Son église Santa Catarina est représentative du style baroque de l’archipel.
Topo
A 28 km au sud-est de Velas.
C’est sur cette pointe, à l’extrémité orientale de São Jorge, que débarquèrent les premiers colons.
Le petit port de pêche en garde encore le souvenir, avec son Igreja de São Francisco, bâtie dans l’enceinte du couvent franciscain, et sa maison des Tiagos, typique de l’architecture aristocratique de l’île. On gagne ce bout du monde depuis Calheta et Ribeira Seca par une route étroite dominant les deux côtes, sud et nord.
Ponta dos Rosais
A 14 km à l’ouest de Velas.
A l’autre bout de l’île, au-delà de Velas, la route côtière mène au joli parc forestier de Sete Fontes.
Elle se termine à l’extrémité de la pointe battue par les rouleaux du grand large, mais on peut préférer poursuivre son chemin à pied. Depuis le sentier, vues superbes sur les deux côtés de l’île.
Circuit des « fajâs »
Les plus impressionnantes de ces terrasses de basalte, débris de falaises effondrées dans la mer, aujourd’hui soigneusement cultivées, se trouvent sur la côte nord.
D’abord, si l’on part de Velas, la Fajâ do Ouvidor (à 15 km à l’est de Velas). Au sommet de la falaise abrupte, un belvédère surplombe une extraordinaire oasis de champs et de cultures coincée entre la mer et le rocher.
Plus loin, la Fajâ dos Cubres (à 23 km à l’est de Velas) est considérée comme la perle des fajas de Sao Jorge. Facile d’accès et carrossable, elle se présente de profil depuis le vertigineux miradouro.
Descendu à son niveau, on découvre un café, un cimetière, des ânes qui grimpent dans les bois.
Plus loin encore, la Fajâ do Santo Cristo (à 29 km à l’est de Velas), la plus isolée, abrite une communauté de surfeurs et de gentils marginaux installés à proximité d’une lagune déclarée réserve naturelle pour oiseaux migrateurs.
Toute la ligne de falaises de la côte nord est ainsi cassée de loin en loin par ces étranges îlots de vie qui se développent des centaines de mètres plus bas. On peut les découvrir en voiture ou, mieux encore, à pied. Des routes et des sentiers quelquefois très fantaisistes les relient tous au reste du monde.
Pico
A 210 km de São Miguel.
La plus haute montagne du Portugal, des champs de lave, des petits ports baleiniers nostalgiques du temps passé, voilà un refuge exceptionnel pour les amoureux de calme, de légendes et de nature sauvage.
Seconde par sa taille, cette île de 42 km sur 15 est l’une des moins peuplées de l’archipel des Açores (environ 15 000 habitants). Ravagée par les éruptions, elle étire ses champs de lave tout autour du volcan qui lui a donné son nom, le Pico. Son cône noir culmine, le plus souvent dans les nuages, à 2 351 m d’altitude.
Du vin et des baleines
Pendant longtemps, les vignes plantées dans la lave, à l’abri de murets de basalte, fournirent à l’île l’essentiel de ses ressources.
Son verdelho, vin blanc titrant près de 17 degrés, était alors exporté jusqu’à la cour de Russie.
A la fin du XVIIIe siècle, sous l’influence des baleiniers américains du Massachusetts, notamment de Nantucket, Pico trouva une nouvelle source de gloire et de prospérité avec la chasse à la baleine. Son interdiction définitive, en 1987, obligea certains de ses marins à se reconvertir dans la simple observation des cétacés. Une nouvelle ère commençait, celle du tourisme.
Celui-ci est encore embryonnaire, mais déjà, à chacune de ses arrivées à Madalena, la navette qui relie Pico à sa voisine Faial débarque des dizaines de candidats aux grandes émotions volcaniques et baleinières.
Beaucoup de terrains abandonnés après la catastrophique éruption de 1958 retrouvent vie. Des émigrés reviennent. L’île se modernise peu à peu, avec l’aide très sensible de l’Union européenne.
Madalena
C’est le port commercial, le point d’arrivée de la navette venant d’Horta, sur l’île de Faial, après une demi-heure de mer.
Un superbe prologue pendant lequel on a tout le temps de détailler la masse noire du volcan, qui envahit rapidement l’horizon.
La ville elle-même, qui couvre un tiers de l’île de Pico, tire l’essentiel de son intérêt touristique de ses quais très animés, au pied de la façade blanche de son église Santa Maria Madalena, la plus importante de Pico.
Depuis Madalena, une route permet de découvrir, en une journée, les principales curiosités de l’île.
Sans compter, évidemment, l’observation des baleines et l’ascension du mont Pico.
Suivez le guide !
Attention, pas de gaffe ! Ne prenez pas Madalena pour la capitale de l’île. Malgré sa primauté économique, ce n’est que l’une des trois municipalités concurrentes qui se partagent l’administration de Pico.
Cachorro
A 12 km à l’est de Madalena.
Ce petit village aux vieilles maisons de basalte surgit des coulées de lave qui, depuis l’éruption de 1718, couvrent d’un manteau noir toute la côte nord. Un étroit sentier mène, sur la gauche, aux « arcos », arches et grottes creusés par les marées, tout écumants de l’assaut des rouleaux.
São Roque
A 28 km à l’est de Madalena.
Son église baroque consacrée à saint Roch a fort belle allure avec sa façade blanche soulignée de motifs de basalte.
La grande curiosité de cet ancien port baleinier se trouve cependant face au canot à six rameurs, dont un harponneur, plus un officier, qui trône sur le quai. C’est le Museu do Pico.
Museu do Pico
Ouvert du mardi au vendredi de 9 h 15 à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30, samedi et dimanche le matin seulement. Entrée libre.
Désaffectée depuis 1981, cette ancienne usine baleinière garde précieusement le matériel qui servait à fondre, presser, mouliner ou broyer les différentes parties des cétacés afin d’en obtenir l’huile, les vitamines, la farine destinée aux animaux et l’engrais, qui étaient exportés dans le monde entier. Rien, jamais, ne se perdait dans la baleine.
Prainha do Norte
A 42 km à l’est de Madalena.
Ce petit village est renommé pour ses anciennes caves à vin et surtout pour son mistério. On appelle ainsi une coulée de lave, ravinée par l’érosion, sur laquelle ne poussent que de maigres lichens.
Toutes sortes de légendes s’attachent à ces paysages lunaires. Celui-ci date de l’éruption de 1572, mais il en est d’autres, plus récents, également très spectaculaires.
Vers Lajes do Pico
On peut atteindre le second port baleinier de l’île en continuant à longer la côte par Piedade(à 29 km à l’ouest de São Roque), à l’extrémité orientale de l’île, puis par Ribeiras(à 12 km à l’est de Lajes), autre charmant petit port de pêche.
La route étant extrêmement étroite et sinueuse, il faut compter plus de 2 hpour parcourir les 50 km séparant São Roque de Lajes.
Une autre route, plus courte et plus directe, coupe le centre de l’île parmi les hortensias et les cèdres du Japon.
Elle serpente d’abord à travers le Mistério da Prainha, puis grimpe jusqu’à une lande qui moutonne à 800 m d’altitude, atteint, après un détour de quelques kilomètres, le Lagoa do Caiado(à 15 km au sud-est de São Roque), lac de cratère d’une austère nudité, et redescend enfin vers la côte sud à travers le grandiose Mistério da Silveira, avant de rejoindre Lajes do Pico.
Suivez le guide !
Aujourd’hui, on ne chasse plus la baleine, on la photographie. L’observation des cétacés devient un véritable sport. A partir de Lajes do Pico, faites une excursion à la rencontre des géants des mers. Frissons garantis !
Lajes do Pico
A 32 km de Madalena.
Premier village fondé sur l’île, aux environs de 1460, Lajes do Pico devient, au cours du XIXe siècle, le port baleinier le plus important de toutes les Açores. Herman Melville y trouve l’inspiration pour son « Moby Dick ».
Les souvenirs du bon vieux temps perdurent encore, avec un brin de nostalgie, au Museu dos Baleeiros (sur le port. Ouvert du mardi au vendredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30, 17 h d’octobre à avril, samedi et dimanche l’après-midi uniquement. Entrée payante).
Tout est là dans cet émouvant musée des Baleiniers : harpons, rames, radios, os et dents de cachalots gravés, photos jaunies, pour évoquer la vie de ces marins qui s’en allaient affronter, sur des canots de 11 m, des cétacés dépassant les 20 m de longueur.
Même aux époques contemporaines, les chasseurs açoriens n’ont jamais utilisé ces bateaux-usines qui, encore aujourd’hui, massacrent les baleines à coups de canon. Ils ont toujours pratiqué la chasse avec un sens de l’honneur qui confine à une sorte de chevalerie.
Côte du vin
Les vieux villages se succèdent tout au long de la côte sud, en direction de Madalena. D’abord São João (à 27 km au sud de Madalena), enclavé entre deux mistérios sous lesquels repose l’église primitive ; puis São Mateus(à 15 km au sud de Madalena) et son pèlerinage du Bom Jesus Milagroso ; Candelaria(à 8 km au sud de Madalena) et son église dont la façade blanche se découpe sur la lave sombre ; enfin Criação Velha(à 3 km au sud de Madalena), où naquit le savoureux verdelho.
Etroitement cloisonnés par des murets en pierre de lave qui diffusent, la nuit, la chaleur du jour, les ceps noueux et rabougris, mais d’une extraordinaire résistance, sortent littéralement du rocher. Ce sont eux qui produisent ce vin de lave que l’on boit dans tous les restaurants de l’île.
Ascension du volcan
L’office du tourisme et les hôtels organisent des excursions à la demande.
Souvent caché par les nuages, mais d’une impériale noblesse lorsque son cône de lave noire se détache sur le ciel bleu, le mont Pico domine toute l’île de ses 2 351 m. Une route mène au petit hameau de Furnas(à 18 km à l’est de Madalena), à 1 200 m d’altitude ; c’est là que démarre le sentier conduisant au sommet. Un sentier difficile, glissant, dont la déclivité atteint par endroits 40 %.
Naturellement, il est recommandé de se faire accompagner par un guide, surtout si l’on part de nuit afin d’arriver au bord de la caldeira, après 2 h 30 de dure grimpée, pour le lever du soleil. De là-haut, le panorama est évidemment sublime.
Suivez le guide !
Sachez que l’ascension du Pico n’est pas une promenade de santé. Prévoyez des chaussures de montagne, un gros lainage, un anorak. Il fait froid en altitude, et les nuages vous guettent.